Il y a des phrases plus difficiles à poser sur le papier que d’autres.

Celles qui viennent font partie de ce lot là.

Ne tournons pas autour du pot : l’aventure Hubikoop est sur le point de se terminer.

Une nouvelle soudaine qui en surprendra certainement beaucoup et qui a été, évidemment, un choc pour nous. C’est une fin brutale qui intervient dans un contexte particulier, à l’heure où les départements travaillent à la formalisation de leurs feuilles de route d’inclusion numérique. Une période où les Hubs régionaux sont particulièrement mis à contribution, entre autres projets structurants pour la suite.

Cette fin est certainement un nouveau signal d’alarme pour les écosystèmes nationaux et régionaux de l’inclusion numérique. Tâchons de trouver en cette fin un semblant de sens pour en tirer collectivement des enseignements. Et trouver des d’actions concrètes pour que de telles situations ne se reproduisent plus.

Alors, pourquoi ça s’arrête ?

Ce ne sera pas une surprise pour l’écosystème de l’inclusion numérique qui est coutumier du fait : les financements étant ce qu’ils sont, il était difficile pour nous de nous projeter au-delà de 2024. Tout du moins à effectif constant.

Il semblerait que ce soit une constante : il faut faire toujours plus avec toujours moins.

Pour Hubikoop, un scénario possible était donc de persévérer avec une équipe de 2 ou 3 personnes contre 6. Pour une région constituée de 12 départements, cela s’accompagnait inévitablement d’une dégradation de la qualité de service rendu. Sans parler de l’épuisement de l’équipe restante. L’aventure Hubikoop à 6 était déjà loin d’être une sinécure, alors avec un effectif réduit de moitié…

Ainsi, la fin d’année 2023 et le premier semestre 2024 ont presque été entièrement consacrés à la recherche de nouveaux financements et de soutien pour une mission qui est, selon nous, d’intérêt général.

De nombreuses rencontres ont également été organisées auprès des institutions de tous les échelons territoriaux pour défendre le rôle de coordination et de mutualisation des Hubs et l’importance de financements pérennes pour l’inclusion numérique. Pour repartir à chaque rendez-vous avec une fin de non-recevoir, malgré un bilan perçu positivement. Les fonds disponibles ne sont pas suffisants.

Le constat : l’inclusion numérique concerne tout le monde, mais personne ne souhaite endosser l’entière responsabilité de la compétence territoriale. Essentielle certes, mais jamais prioritaire.

Malgré un fort soutien au démarrage, l’absence d’appui financier à long terme des institutions nationales et régionales, couplée à la complexité de stabiliser un modèle économique cohérent et autonome, font du maintien durable de l’activité de Hubikoop une équation à trop d’inconnues, impossible à résoudre.

Nous évoquons les problématiques rencontrées dans la structuration d’un modèle économique pour un Hub tel que le nôtre dans l’article suivant.

Alors, la fin.

Cette fin nous laisse évidemment un arrière goût amer. Mais jeter un dernier coup d’œil au chemin parcouru nous apporte (quand même) un certain réconfort.

La vie de Hubikoop n’a jamais été un long fleuve tranquille. Les balbutiements du début, l’incompréhension souvent légitime face au dispositif des Hubs pour un numérique inclusif. Les galères, nombreuses, les réussites, souvent, les courtes périodes de calme avant les tempêtes. Les craintes quotidiennes concernant notre propre viabilité, souvent apaisées par les retours de celles et ceux qui sont venus à notre rencontre et ont trouvé un sens à notre action.

Nous nous sommes pris quelques coups au passage, mais bien moins que les retours très positifs concernant la valeur ajoutée de notre action.

Alors, Hubikoop était peut-être instable par essence. Mais après cinq ans passés à traverser la Nouvelle-Aquitaine, nous sommes convaincus que Hubikoop était avant tout nécessaire. Et, de bien des manières, utile.

Alors, merci.

Hubikoop, ça a été cinq années de (nombreuses) rencontres. Si l’on est parfaitement francs, elles n’ont pas toujours été simples. Des relations parfois compliquées, mais toujours au service de l’intérêt général et du développement d’un numérique qui soit réellement inclusif.

Ce sont probablement ces rencontres que nous garderons en souvenir et, si elles sont si nombreuses qu’il est difficile d’être parfaitement exhaustif, nous tenons néanmoins à saluer une dernière fois :

  • La super équipe des coordinateurs de conseillers numériques de Nouvelle-Aquitaine, pour leur indéfectible soutien et la qualité de notre collaboration.
  • Nos compagnons de galère, nos homologues des autres régions. Le bateau tangue fortement, nous sommes convaincus que vous saurez manier la barque et vous en sortir malgré la tempête. Personne ne misait sur la longévité des Hubs, donnez-leur tort.
  • Tous les conseillers numériques de la Nouvelle-Aquitaine, qui font ce qu’ils peuvent pour relever le défi qui leur a été opposé et qui le font avec ferveur. Nous avons pris beaucoup de plaisir à animer ce réseau depuis le déploiement du dispositif.
  • Une pensée pour les équipes de La Mednum qui tentent elles aussi d’accomplir l’impossible.
  • Une pensée reconnaissante aux équipes de l’ANCT, de l’incubateur des territoires et de la Banque des Territoires, qui ont été là pour nous mettre le pied à l’étrier.
  • Merci à nos compagnons de route, rencontrés au détour d’un événement ou d’un café-visio et qui sont devenus de fidèles partenaires, on pense à Framasoft (<3 Angie), le collectif EducPopNum, les acteurs du numérique responsable, l’équipe d’Internet Sans Crainte (<3 Orane).
  • Merci à nos partenaires de projet, qui nous ont fait confiance pour développer des actions qui perdurent encore : le 400, l’Escalier, ScaleChanger, ATIS, AG2R, les équipes de l’AEFA et évidemment toute l’équipe de Pays et Quartiers de Nouvelle-Aquitaine (<3 Laurine).
  • Merci également aux collectivités locales de la Nouvelle-Aquitaine, notamment le Grand Périgueux et Dronne et Belle qui ont accepté d’expérimenter notre fameuse méthodologie d’accompagnement avec nous. Merci également aux collectivités que nous avons formées à cette même méthodologie (Limoges, Bresse Haute Seille, Ouest Guyanais, etc.)

Et tous les autres, qui ont croisé à un moment notre route, ou qui ont lu nos mots en se plongeant dans nos productions. Des rencontres, certes éphémères, mais qui nous faisaient nous lever chaque matin.

Alors, vous allez faire quoi ensuite ?

Question bien légitime à laquelle il nous est impossible de répondre promptement. Notre principale préoccupation : clôturer bien comme il faut l’aventure Hubikoop avant de voguer vers d’autres horizons, peut-être éloignés du numérique.

On vous passe donc le flambeau, en espérant que tout ce qu’il reste de Hubikoop, notamment nos productions,  vous sera utile à un moment ou à un autre.

Hubikoop est mort, faites en sorte que vive l’inclusion numérique.

L’équipe salariée : Anaïs, Camille, Grégoire, Maëlle, Marley et Vincent.

Le Président du Conseil d’Administration : Clément.